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Une musique comme déclencheur d’ancrage mental

Comme mentionné dans l’article précédent, la musique peut être utilisée comme déclencheur d’ancrage. Vous savez, ce genre d’interrupteur mental sur lequel on appuie pour générer un comportement sur commande ? Alors vous allez me dire : « encore faut-il être réceptif à la musique ! ». Effectivement. Mais c’est là que tout devient passionnant. On nous fait souvent croire qu’il faut appliquer des recettes qui ont fait leurs preuves. Peut-être que c’est vrai. Mais on s’en moque ! L’important ici, c’est de comprendre à quel point la préparation mentale nous permet d’explorer d’autres frontières, en tenant compte de nos personnalités et des affinités.

Pour rester dans la thématique « musique et préparation mentale », je vous emmène au cœur de mon beau métier.

Le lieu de mes entretiens en préparation mentale

 Si j’ai déjà précisé à plusieurs reprises sur ce blog que la musique m’apportait beaucoup dans la vie, il me faut encore préciser un petit point. Et pas des moindres ! Je veux évoquer ici le lieu principal où se passent mes rendez-vous en préparation mentale.

On me demande parfois où est mon cabinet. Je n’ai pas de cabinet, et ce mot rappelle trop le monde médical à mon goût. Voilà quelques années, j’ai fait un choix, après avoir voulu faire « comme tout le monde ». Ce choix, c’est recevoir les sportifs chez moi. D’une part c’est beaucoup plus convivial et on s’éloigne du côté « psy ». D’autre part, je suis dans mon élément, c’est-à-dire qu’à côté de nous, en permanence, mon bon vieux piano partage quelques indiscrétions et autres moments sympathiques.

Je ne dis pas que toutes les séances se font ici, mais une bonne partie. Vous me voyez venir évidemment, car il m’arrive régulièrement de relier mon piano à mon ordinateur, via une carte son externe. Et là, tout devient possible, car je peux en théorie transformer ce compagnon en n’importe quel instrument, par la magie de l’informatique. Rares sont les compositeurs et musiciens à pouvoir se payer un orchestre ! Tout passe donc par des instruments virtuels.

Écouter de la musique pour apprendre à mieux s’écouter

Certains adorent l’orgue, d’autres non. Certains vibrent au son des violons, d’autres ne les supportent pas. Et si on va au-delà des instruments, il est intéressant de coupler un exercice de concentration à un exercice sur le ressenti. Que se passe-t-il, quand je suis complètement détendu et relâché, et que je suis attentif aux effets des notes très graves, par exemple ? Qu’est-ce que je vis quand mon oreille perçoit un enchaînement d’accords très utilisés dans le « commerce » de la musique ? Au contraire, si je m’éloigne de cette nourriture auditive ?

Et bien plus encore. Est-ce que mon cœur s’emballe quand le volume augmente ? Est-ce que la sensation d’apaisement s’amplifie dans la douceur d’une mélodie ? J’ai plusieurs fois plongé les sportifs dans cet univers de la musique, à l’écoute de leur corps. C’est là toute la différence qui existe entre « entendre » et « écouter ». Sauf que là, on en rajoute, et on se concentre sur ce qu’on ressent vraiment. On capte un petit quelque chose, et on l’amplifie.

À force de voyager au cœur des notes, on finit par avoir un aperçu des instruments qui nous inspirent, plaisent, bercent, et j’en passe ! Mais pas uniquement. On prend conscience que certains rythmes nous animent, que certains accords nous font du bien. Il est temps d’en tirer quelque chose.

Compositeur de musique

Le comportement à déclencher par la musique

Tout l’enjeu de cet exercice est de rester dans un ressenti positif. Il ne me viendrait pas à l’idée de faire naître une flaque de tristesse et d’y sauter à pieds joints ! En tous cas, ça ne servirait pas à grand-chose pour un sportif…

Petit à petit, ces moments d’écoute précisent un peu le cap à suivre. Si j’ai identifié ce qui me plaît, je peux déjà l’associer à un état, un comportement. Je pose des images mentales sur tout ça. Spontanément souvent, notre cerveau nous propose un contexte. Et les sportifs me disent « ce genre de musique irait bien dans telle situation ». Souvent, il s’agit des moments d’avant course, quand on se prépare à entrer en scène ! Les besoins sont variés, on peut chercher du relâchement, de l’optimisme, de l’énergie, de la détermination, ou que sais-je encore. Toutefois, il arrive parfois que ce soit dans un but d’optimisation de la récupération, ou pour favoriser le sommeil par exemple.

D’un côté, nous avons les premiers ressentis obtenus par un éveil musical. De l’autre, un point d’arrivée, avec un comportement ou un ressenti qu’on aimerait pouvoir déclencher sur commande.

La création de l’ancrage !

Quand les phases précédentes ont conduit à quelque chose de positif, il reste une étape magnifique. Choisir la musique qui servira de déclencheur. Et j’ai souvent 2 options.

La première, c’est proposer au sportif une musique qui me semble être en accord avec son ressenti et le comportement qu’il souhaite déclencher. Ce n’est pas évident, je dois bien l’avouer, et je me lance dans cette option que si « je le sens bien » ! C’est assez inexplicable, ce feeling qu’on ressent à ce moment-là. Pourtant, qu’on se le dise, je n’insiste pas si je vois que ça ne plaît pas, ou qu’on s’éloigne trop du ressenti.

Cette première option peut amener à une variante : la réinterprétation d’une musique existante. J’ai expérimenté cela avec une cavalière cette année. La musique devenait trop stridente au bout de quelques secondes, nous souhaitions également la raccourcir, puis l’accélérer un peu, tout en lui donnant un peu de « peps » sur la nouvelle fin. Le reste collait parfaitement et rappelait à merveille le galop du cheval en ambiance de fond. C’est là que j’utilise mon super compagnon et tout l’attirail qui va avec. Cela ne se fait pas en un claquement de doigts bien sûr. Vient alors un travail en studio pour arriver au projet final : la musique qui servira de déclencheur lors de la création d’ancrage.

La seconde option, c’est composer une musique complètement individualisée, en fonction des ressentis et des échanges précédents. Je vais y revenir dans le prochain paragraphe. Enfin, pour revenir sur la musique précédente, je peux la nommer, ça inspirera peut-être quelques sportifs ! Il s’agit de « Silence », de Kai Engel. Je ne pense pas avoir les droits pour publier sa réinterprétation, mais je me rattraperai d’ici quelques lignes, promis !

Cavalière qui sourit

La création d’une musique pour l’ancrage mental

Vous l’aurez compris, je peux difficilement me permettre ce genre de séance, ou plutôt « séances », avec tous les sportifs. Déjà parce que je ne suis pas musicien professionnel, et aussi parce que ça demande beaucoup de travail et de complicité.

Cela dit, il m’est arrivé de travailler avec une skieuse, avec une approche « slow motion ». Je vous laisse imaginer la scène : une pente gavée de poudreuse qui vole au ralenti pendant l’action. D’ailleurs, le ralenti est très utilisé en imagerie mentale pour, par exemple, se focaliser sur ses sensations. Pas de violons, peu de piano, plutôt un style électro cool, et on me pardonnera le fait de ne pas savoir dans quelle case ranger cette musique ! Il existe tellement de styles en électro 🙂 !

Donc cette fois-ci, comme j’en suis le compositeur, je peux me permettre de vous la faire écouter. J’ai tous les droits, et ça vous donnera une idée de ce qu’il est possible de faire quand on prend le temps de sortir de sa zone de confort et qu’on tient compte des différentes personnalités.

C’est là que je voulais en venir. Les gens s’imaginent qu’avec 10 outils appris sur Internet, ils vont devenir les « pros du mental ». C’est une base, et simplement une base. Mais souvenez-vous que les meilleurs outils sont ceux qui nous « parlent ». Le métier de préparateur mental serait tellement fade si on faisait toujours la même chose, les mêmes exercices, en racontant les mêmes anecdotes !

Pour ces 2 sportives, l’idée était de créer des ancrages puissants pour les mettre dans un certain état d’esprit. Je crois même que la notion d’exclusivité en renforce encore les effets. Savoir qu’une musique a été adaptée, voire composée pour soi, c’est une sensation assez agréable. En tous cas, j’aimerais bien, moi :-).

Ce n’est pas parfait musicalement, mais l’objectif est largement rempli.

(Thomas Litt est le pseudo que j’utilise à la SACEM car il existe déjà un Thomas Ferry sur les plateformes !)

Open in Spotify

Conclure en musique ?

La musique peut dans certains cas être un puissant déclencheur. D’ailleurs, le simple fait de l’avoir « dans la tête », sans pouvoir l’écouter réellement, peut très bien fonctionner. Cet exercice a ses limites, notamment parce qu’on peut se lasser d’une chanson, ou d’une musique.

J’aimerais juste qu’on retienne le côté pédagogique et magnifique de l’expérience. Parfois, pour se rassurer, on cherche des recettes miracles. On répète tel exercice de sophrologie parce qu’il a fonctionné pour un ami. Quelques personnes veulent faire de l’hypnose parce que tout monde dit que c’est génial. On veut appliquer la même méthode que « Ice Man » pour s’immerger dans l’eau froide. Je me sers également de plusieurs outils, et c’est normal.

Mais allez explorer ! Sortez de temps en temps des sentiers battus ! Des outils, il en existe une infinité, et je crois qu’il est bon de le rappeler de temps en temps.