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Le cadre réglementaire de la préparation mentale

Le cadre réglementaire ? En voilà une question épineuse ! Préparateur mental, coach mental, coach en développement personnel, coach bien-être, sophrologue, thérapeute, coach de vie… autant de professions (et bien d’autres) qui s’intéressent au mental.

Alors, un préparateur mental qui n’est pas sophrologue peut-il faire une séance de sophrologie ? Un préparateur mental peut-il organiser des séminaires pour les entreprises ? Quelle différence entre un coach et un préparateur ? Il ressort de tout cela une certaine confusion, forcément ressentie par celles et ceux qui se questionnent sur la préparation mentale !

Qui pose le cadre réglementaire en France, et où en sommes-nous ?

Il faut se rendre à l’évidence, la profession de préparateur mental n’est pas encore très réglementée… Sur le Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP), le métier n’est même pas créé. Paradoxalement, on mentionne dès la licence STAPS (mention entraînement) ces quelques lignes sur la carte professionnelle : Le titulaire de la mention ou spécialité « Entraînement sportif » de la licence a vocation à encadrer en autonomie ou sous la responsabilité d’un autre entraîneur, selon le niveau concerné, différents publics, à des fins d’amélioration de la performance ou de développement personnel.

Il est d’ailleurs précisé sur cette même carte que son titulaire est limité à la ou les spécialités inscrites sur l’annexe au diplôme. Ainsi, un étudiant possédant une licence STAPS devrait se limiter à de la préparation mentale dans sa discipline de prédilection ? En même temps, il n’existe pas de fiche RNCP pour le métier de préparateur mental…

Qui peut être préparateur mental aujourd’hui ?

En résumé, cela signifie qu’aujourd’hui n’importe qui peut se proclamer préparateur mental, malgré les formations existantes. La réglementation évoluera certainement dans les années à venir, mais n’y aura-t-il pas toujours moyen de jouer sur les mots ? Un préparateur mental non diplômé pourra toujours s’autoproclamer accompagnateur de la performance, ou coach en habiletés mentales par exemple.

C’est important, car cela signifie que toutes les personnes qui se forment actuellement en préparation mentale le font dans un but positif : apprendre, échanger, progresser, rencontrer. Les profils sont variés, les envies aussi, il faut donc profiter de cet état d’esprit. Peut-être que cela donne un côté encore plus « humain » à ce métier. Chacun l’expérimente à sa manière pour l’instant, en attendant qu’un cadre réglementaire soit posé.

Un exemple tiré de la préparation physique

S’il existe un sujet qui peut susciter de vifs débats, c’est bien la préparation physique. Bon nombre de préparateurs physiques enseigneraient aujourd’hui en toute illégalité, car ils n’ont pas de diplômes référencés au RNCP les autorisant à encadrer la préparation physique. Dans les exemples brûlants de ces dernières années, les masseurs-kinésithérapeutes ont été largement montrés du doigt, y compris ceux qui avaient complété leur formation par des DU (diplôme universitaire) en Préparation Physique. Eh oui, malgré toutes les compétences acquises par les masseurs-kinésithérapeutes et leur expertise indéniable sur le sujet, ces DU n’étaient (ne sont toujours ?) pas inscrits au RNCP ! Et qui dit inscription au RNCP dit délivrance d’une carte professionnelle obligatoire. En ce qui concerne les masseurs-kinésithérapeutes, voilà ce que le RNCP les autorise à faire :

« Encadrement de la pratique de la gymnastique hygiénique d’entretien ou préventive dans les établissements d’activités physiques et sportives. »

Un DU en préparation physique n’étant pas reconnu par le RNCP, tous ceux qui n’ont pas d’autres diplômes autorisant l’encadrement en préparation physique sont hors du cadre réglementaire.

L’idée n’est évidemment pas de critiquer ceux qui font la loi, encore moins les kinésithérapeutes, mais bien de comprendre que même dans un métier plus « cadré » comme celui de préparateur physique, ce n’est pas forcément simple. La préparation mentale est encore bien loin de tout cela, même si ça se structure petit à petit. Et c’est sûrement bien plus choquant d’accompagner en préparation mentale sans formation, que d’être un kinésithérapeute encadrant en préparation physique…

Quelques réflexions autour du cadre réglementaire en préparation mentale

La formation ne fait pas tout, il faut prendre en considération l’expérience du préparateur mental. Il existe une frontière un peu floue, mais réelle, entre les connaissances et les compétences. Autrement dit, « si je sais, est-ce que je sais faire ? ». Les diplômes en préparation mentale ne se valent pas tous, comme dans tous les domaines finalement. Cela ne signifie pas qu’il faut privilégier les formations plus « complètes » non plus. Un ancien cadre en entreprise, expert en animation d’équipe, pourrait être plus compétent que n’importe quel indépendant formé dans la meilleure école sans jamais avoir encadré de collaborateurs dans un contexte compétitif, et donc potentiellement stressant.

Autre point, la France est malgré tout un pays très « cadré » en ce qui concerne le sport. Si on a parfois l’impression que ça n’avance pas assez vite, soyons réalistes. Cela avance quand même, et des gens se posent des questions ! Spontanément, cela se ressent sur la majorité des comportements. Quand on veut s’installer en tant que préparateur mental en France, en général on le fait avec une certaine conscience professionnelle. Il existe sûrement des dérives, probablement, mais elles sont rares. D’autres pays sont encore bien loin de cela !

Certaines fédérations « imposent leurs conditions ». Pour intervenir auprès des sportifs, le préparateur mental doit être « accrédité ». Les sportifs sont évidemment libres de choisir avec qui ils veulent travailler. Mais s’ils font la demande auprès de leur club, on leur fournira une liste de préparateurs mentaux accrédités, sélectionnés sur leurs diplômes, compétences, et expériences.

Enfin, au-delà de la réglementation, certains préparateurs mentaux suivent un code de déontologie qui leur est propre, une ligne de conduite permettant de rester dans le cadre.

En résumé

La préparation mentale est donc encore loin du cas où l’État autorise certaines personnes à exercer en fonction de leurs diplômes. N’est pas médecin qui veut, ni masseur-kinésithérapeute non plus. D’ailleurs, pour prolonger le débat qui les citait en préparation physique, les « kinés » ont eu un peu le même problème avec l’explosion des écoles de massages. Qui étaient autorisés à masser en France jusque-là ? Les masseurs-kinésithérapeutes justement, et eux seuls ! Aujourd’hui, la loi a permis d’encadrer tout ça, avec des conditions précises et des restrictions.

À l’heure où ces lignes sont écrites, de nombreuses formations en préparation mentale tentent de se faire référencer au RNCP. Cela prendra du temps. Car même en étant immergé dans ce milieu il est difficile d’avoir un regard limpide sur le cadre à imposer aux préparateurs mentaux. Il faudra pourtant un cadre, car les préparateurs mentaux ne sont ni thérapeutes ni psychologues. À bon entendeur…