Vous aimez la poudreuse, les paysages grandioses et l’adrénaline ? Avec Marion Haerty vous serez comblés ! Au-delà de son palmarès époustouflant, c’est une sportive souriante, attachante, et passionnante. Elle nous raconte les dessous de ses titres. Eh oui, on ne remporte pas 4 fois le Freeride World Tour par hasard !
Question d’échauffement sur la préparation mentale
La préparation mentale, c’est encore un sujet tabou pour les sportifs ?
Marion Haerty : Oui je suis totalement d’accord. Pour certains c’est malheureusement encore vu comme une stratégie destinée aux gens faibles…
Qu’est-ce qui te plaît le plus lors d’une séance de préparation mentale ?
MH : La recherche de la connaissance de soi.
Selon toi, la préparation mentale est-elle réservée aux sportifs de haut niveau ?
MH : Non je pense qu’elle devrait être accessible à tous, à partir du moment où il y a un objectif à atteindre.
Quel(s) conseil(s) pourrais-tu donner à quelqu’un qui commencerait à s’intéresser au monde du mental ?
MH : De ne pas avoir peur de s’ouvrir à un professionnel, forcément garant d’une certaine confidentialité. Je trouve aussi que sonner à la porte de différents préparateurs mentaux est aussi très enrichissant. Il faut laisser une vraie place au feeling.
Quelques regards sur les « Autres »
As-tu des sportifs / sportives qui t’inspirent ?
Marion Haerty : Liv Sansoz est pour moi l’exemple même d’une personne qui m’inspire au niveau mental, elle a toujours su rebondir même après de graves blessures, changer d’orientation, de carrière de grimpeuse à alpiniste tout en écoutant son cœur.
Selon toi, est-ce que les entraîneurs devraient se former en préparation mentale ?
MH : Oui je pense que les entraineurs peuvent parfois manquer de tact. Ils misent parfois trop sur la performance avant de comprendre dans quel état d’esprit sont leurs athlètes.
Les réseaux sociaux ont-ils un impact sur ton mental ?
MH : J’essaye de me détacher de cela, mais il vrai que ça me met la pression quand parfois je vois 17 000 personnes regarder mon quotidien d’athlète. En plus, les messages que je veux véhiculer ne sont pas interprétés de la même manière « de l’autre côté ».
Ton rapport à la préparation mentale
Qui t’a fait découvrir pour la première fois la préparation mentale ? Comment ça s’est passé ?
Marion Haerty : J’ai découvert la préparation mentale via l’hypnose. A l’époque j’ai eu un gros choc émotionnel qui m’a empêché de dormir pendant plus d’un an. Cet hypno thérapeute m’a vraiment aidé à gérer mon mental lorsqu’il fallait reprendre un départ en compétition et retrouver le sommeil.
Si tu devais écrire un livre sur la préparation mentale, ce serait sur quelle thématique ?
MH : Comment lâcher prise dans des situations importantes !
Qu’est-ce que tu attends d’un préparateur mental ?
MH : J’attends une épaule, un décompresseur dans les situations qui m’angoissent ou me stressent.
En moyenne, combien de fois vois-tu un préparateur mental dans une année ?
MH : A vrai dire, maintenant, je n’en vois plus souvent. Je sonne l’alarme en général en janvier, quand je me retrouve dans un moment où se mélangent stress et excitation, quand la saison qui commence.
Petite prise de recul !
Que fais-tu comme activités en dehors de ton sport ? Qu’est-ce que cela procure chez toi ?
Marion Haerty : J’adore pratiquer toutes les disciplines que peut offrir la montagne. Cela peut aller du canyon au parapente, je trouve beaucoup de plaisir et de liberté en commençant de nouveaux sports. Ca attise ma curiosité et me permet de garder un œil émerveillé.
As-tu des moments de référence dans ta vie, que tu te remémores pour être plus performante ?
MH : Je me remémore souvent mon rêve d’adolescente : devenir championne du monde. J’aime ce retour aux sources, me rappeler pourquoi je voulais être cette femme-là.
Outils et pratiques
La veille d’une compétition ou d’une échéance importante, que fais-tu ?
Marion Haerty : J’essaye de me mettre dans une bulle « Gore tex », imperméable à toutes les pensées négatives, et de rester dans un état où l’énergie est canalisée pour le lendemain.
As-tu des « trucs » pour ne pas rester focalisée sur des pensées négatives ?
MH : Je passe un coup de fil aux gens que j’aime pour vider mon sac et repartir de plus belle ! Ou alors je ré-ouvre mon livre photos avec tous mes bons souvenirs à l’intérieur.
Utilises-tu des outils ou méthodes spécifiques en préparation mentale ? Lesquels ?
MH : Ca peut être de la PNL, la mise en place de routines ou encore de la visualisation.
Comment effaces-tu mentalement une déception ? As-tu un exemple ?
MH : J’essaye d’appuyer sur la touche « delete » de mon cerveau, ou du moins d’apprendre de cette déception pour passer ensuite à autre chose. Je ne reste pas focalisée dessus.
Peux-tu détailler l’une de tes routines ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?
MH : J’aime écrire par exemple mes ressentis dans mon carnet. Mettre des mots permet d’accepter, ou du moins comprendre mes émotions. Les routines mises en place viennent surtout l’hiver, entre renforcement musculaire, yoga, méditation, un livre qui me fait voyager…
Quelques questions autour des objectifs
Avec qui fixes-tu tes objectifs, et comment tu fonctionnes ?
Marion Haerty : Je me fixe mes propres objectifs, je connais les étapes à suivre maintenant pour obtenir le résultat escompté mais quand il s’agit d’objectifs techniques sur la neige j’aime bien me tourner de temps en temps vers un coach.
Peut-on vraiment faire part de ses objectifs aux journalistes ?
MH : J’ai compris il y’a quelques années que pour me protéger de la pression il ne fallait pas annoncer tous ses objectifs aux médias, sinon on t’attend au tournant et ce n’est pas facile de se protéger de cela !
Merci beaucoup Marion ! Et évidemment, on te souhaite beaucoup de neige et de liberté au quotidien ! On peut te suivre ici sur Instagram ou sur ton site par exemple 🙂