« Quelle est la durée entre chaque entretien ? », voilà une question légitime ! Généralement, elle est formulée de cette façon, c’est dire si le sujet est flou dans la tête des uns et des autres. Autant être honnête, on ne trouvera pas la réponse parfaite à cette demande. Seulement quelques pistes de réflexion qui dépendront d’un certain nombre de facteurs.
Le premier entretien en préparation mentale
Dans la majorité des cas, le préparateur mental vous accueillera pour un premier entretien. Vous aurez peut-être déjà eu quelques échanges téléphoniques ou par mail d’ailleurs. L’objectif de cet entretien est double.
- Faire connaissance
- Dégager les pistes de travail pour l’accompagnement
Prendre le temps de faire connaissance, c’est important, surtout si on veut construire une relation basée sur la confiance et adapter les outils à votre « personnalité ». Lors de cet entretien, on vous posera certainement beaucoup de questions, et pas uniquement sur les causes de votre venue. En effet, même si vous avez contacté le préparateur mental pour apprendre à mieux gérer vos émotions, il vous posera des questions bien plus larges. C’est en général assez rare d’avoir un outil merveilleux qui réponde exactement à la demande initiale, à l’image d’une recette qu’on appliquerait presque les yeux fermés. En fait, en préparation mentale, si vous voulez faire un gâteau au chocolat, peut-être que le seul ingrédient que vous garderez sera…le chocolat. Et encore !
Chaque préparateur vous écoutera, vous observera aussi, très attentivement. Un travail de synthèse minutieux permettra de dégager les premières pistes de travail. Et seulement à partir de ce moment-là, on pourra déjà commencer à répondre à la question de la fréquence idéale (et éventuellement du nombre de séances).
Un exemple pour illustrer ce premier entretien
Imaginez que vous soyez passionné par l’escalade, que c’est même votre métier. Vous voilà devenu moniteur d’escalade, super ! À un moment de votre vie, vous ne savez pas trop pourquoi, vous commencez à avoir peur dans votre niveau maximal, dès que vous grimpez en falaise. Pour ceux qui n’y connaissent rien à l’escalade, il existe deux possibilités quand on grimpe :
- Soit la corde est déjà installée et elle vous assure « par le haut ». On appelle ça grimper en moulinette
- Soit la corde n’est pas installée, et il faut aller « l’accrocher ». Pour cela, à mesure que l’on progresse sur la falaise, on place des dégaines plus ou moins régulièrement, pour éviter de retomber au sol. Quand on passe au-dessus de la dernière dégaine posée, on s’engage au-dessus et en cas de chute on a le droit à ce qu’on appelle « un vol ». Celui-ci peut être plus ou moins grand, plus ou moins impressionnant aussi.
Vous êtes donc moniteur d’escalade, et vous constatez que depuis quelque temps, vous avez peur de voler, c’est-à-dire d’engager au-dessus de la dernière dégaine. En général, cela se produit quand on s’approche de son niveau maximal. C’est là que vous vous dites « je vais aller voir un préparateur mental ! ». Et vous y allez avec l’envie de travailler sur vos émotions : « comment gérer ma peur ? »
Si vous avez tout suivi, le préparateur mental vous posera quelques questions, avec différentes techniques d’entretien, souvent en vous faisant verbaliser l’action. On pourrait s’attendre à ce qu’il vous donne des outils pour mieux gérer vos émotions. Ce serait logique.
Oui, mais voilà, il se peut aussi que lors de l’entretien, la piste de départ ne soit pas exactement celle que l’on imaginait. En l’occurrence, le préparateur mental a pointé du doigt quelque chose dont vous aviez à peine conscience : le regard des autres. Et si finalement, la peur de « voler » était liée à la crainte du regard des autres ? Et si, parce que vous êtes moniteur, vous n’aviez pas le droit de « voler » aux yeux des autres. Plutôt que de travailler sur la gestion de la peur, le préparateur mental pourrait envisager cette autre piste : l’estime et la confiance en soi. Parfois, une simple prise de conscience peut résoudre un problème.
L’entretien pour « réparation mentale »
C’est typiquement le cas où on vient voir un préparateur mental parce qu’on manque de confiance en soi. Les raisons peuvent être multiples : contre-performance ou retour de blessure par exemple. Idéalement, c’est bien de faire une séance une semaine après le premier entretien, 15 jours après au maximum. Cette séance est vraiment importante.
Ensuite le nombre de séances dépendra bien sûr de votre histoire. On peut quand même envisager des séances assez rapprochées, tous les 15 jours environ. On a tendance à croire qu’il faut 10 ou 15 séances d’office, mais pas du tout ! Il arrive de voir des sportifs 1 ou 2 fois par an, quand ils en ressentent l’envie et le besoin.
Pour revenir à la notion de « réparation mentale », le préparateur sera très vigilant, car cela peut donner lieu à un suivi psychologique si un point de non-retour est dépassé.
Le cas du « point particulier »
On pourrait reprendre l’exemple du moniteur d’escalade. « Je viens vous voir parce que ». Parfois, c’est une thématique très ciblée, d’où le titre du paragraphe :-). Dans ce cas précis, le sportif sait pourquoi il vient, et il l’annonce clairement.
- « Je perds toutes mes balles de match depuis 6 mois »
- ou « Je ne suis pas à l’aise à l’oral »
- et encore « Je sens une baisse de motivation à l’entraînement »
- Etc.
S’il ne s’agit pas de « réparation mentale », alors on peut envisager des séances tous les 15 jours, voire tous les mois. L’idée, c’est quand même de favoriser l’autonomie, donc laissons de l’eau couler sous les ponts…mais pas trop quand même ! Cette fréquence permet en général une mise en pratique suffisamment intéressante pour avancer sereinement lors de l’entretien suivant. Cela n’exclut évidemment pas les retours par mail ou SMS de temps en temps. Vous serez autonome, mais pas abandonné non plus !
Le suivi en préparation mentale
Cette fois-ci, c’est une démarche de progression. On cherche non seulement à vous accompagner en étant au plus proche de ce que vivez, et en même temps on cherche à développer les habiletés mentales pour que vous progressiez. C’est précisément dans ce cas que les séances peuvent s’enchaîner. Tous les mois par exemple, pendant une année rythmée par les compétitions.
À ce propos, certains sports sont saisonniers, d’autres encore nécessitent de partir pendant plusieurs semaines, voire mois. C’est le cas du ski. Le suivi en préparation mentale devra donc s’adapter au calendrier du sportif, quitte à rapprocher certaines séances (toutes les semaines), ou à envisager quelques entretiens à distance. Il se peut aussi qu’un sportif souhaite se préparer mentalement pendant 6 mois, et puis intégrer tout cela en toute autonomie pendant les 6 autres mois.
La formation en préparation mentale
Pour les plus curieux, la préparation mentale peut se résumer à faire des « séances de formation ». Il y sera question de neurosciences, de respiration, d’illustrations diverses et variées. Dans ce cas précis, les séances se feront un peu n’importe quand, au gré des emplois du temps et des envies.
En résumé
Dans la vraie vie, c’est souvent un mélange de tout cela. Un préparateur mental honnête ne vous obligera jamais à venir 3 fois par semaine. Bien au contraire ! Que vous le voyiez 2 fois ou 12 fois par an, l’idée sera toujours la même : que vous repartiez avec de quoi vous entraîner et vous amuser durant toute votre vie ! C’est peut-être un peu exagéré, mais c’est quand même le principe. Entre la connaissance et la compétence, il n’y a qu’un pas : la pratique.
Certaines personnes viennent voir un préparateur mental parce qu’elles ont besoin d’être rassurées. Ou parce qu’elles ont du mal à se poser seules pour réaliser quelques exercices de respiration, ou de relâchement par exemple. Chacun a ses raisons : le manque de temps, le manque d’intimité, l’envie d’être guidé par une voix inspirante, tout est possible.
Enfin, il serait peu judicieux de se dire « je vais aller voir un préparateur mental comme un magicien ». C’est vrai que parfois ça peut s’apparenter à de la magie, mais ça n’en est pas. Prenez votre temps, soyez à l’écoute de votre corps, et tout se passera bien !