La concentration est sûrement l’une des thématiques les plus importantes en préparation mentale, restez-bien concentré jusqu’au bout :-). On la retrouve dans presque tous les outils, dans toutes les méthodes, et la théorie est extrêmement simple ! Et en plus, cerise sur le gâteau, on peut souvent la travailler de manière très ludique.
Mise en évidence de la perte de concentration
Commençons par un exercice très simple de calcul mental :
Partir de 100, et soustraire 6 jusqu’à se rapprocher le plus possible de 0.
Facile ?
100, 94, 88, 82…
Et si on vous demande en même temps de rattraper les balles que vous envoie et de les passer à quelqu’un d’autre, que se passe-t-il ?
1 Soit les balles tombent en permanence
2 Soit vous ne parvenez plus à calculer
3 Soit les 2 en même temps…
Et pourtant, ce sont 2 tâches faciles !
La question n’est pas tellement de savoir si nous sommes concentrés…
… mais sur quoi nous sommes concentrés !
… et pendant combien de temps !
La notion de tâche « coûteuse »
Il est évidemment possible de faire 2 choses à la fois, même si c’est souvent le reproche que font les femmes à l’égard des hommes… Pourtant, pour prendre la défense de ces derniers, si les femmes réussissent vraiment à faire 2 choses à la fois, c’est qu’elles sont probablement peu coûteuses en énergie pour elles, ou qu’elles arrivent à passer rapidement d’une tâche à l’autre.
En tout cas, quand ça nous demande de vrais efforts, le cerveau ne sait plus gérer, et on se retrouve comme dans l’exemple du calcul mental. Vous savez ce que font 99% des conducteurs qui cherchent une petite ruelle introuvable dans un ville surpeuplée de chauffards, et avec un GPS complètement perdu ? Oui, vous le savez, ils coupent le son de la musique. A ce stade très coûteux, on est incapable de se concentrer pleinement sur sa tâche en ayant la musique dans la voiture ! Pourtant, il est possible de conduire et d’écouter de la musique le reste du temps.
La concentration et les champs attentionnels
Avant de parler de concentration, évoquons le cas des champs attentionnels. Un sportif doit savoir en permanence orienter et focaliser son attention. C’est grâce à cela qu’il parviendra à se concentrer suffisamment.
Pour cela, il faut se poser déjà 2 questions :
- Est-ce que j’oriente mon attention sur moi ou sur « l’extérieur » ? Interne / Externe
- Est-ce que mon attention est ciblée sur un point précis ou un ensemble d’informations ? Etroit / Large
Il existe finalement 4 possibilités, qu’on appelle :
1 Externe étroit : votre attention se porte sur l’environnement extérieur, sur un point précis : par exemple un drapeau qui indique l’orientation du vent.
2 Externe large : votre attention se porte sur l’environnement extérieur, dans une globalité : un paysage, l’horizon par exemple.
3 Interne étroit : votre attention est portée « en vous », dans votre corps, sur un point précis : c’est notamment le cas de la prise de pouls.
4 Interne large : votre attention est portée « en vous », mais dans une globalité : une sensation de bonheur, le trajet de l’air dans votre corps par exemple.
Comment expliquer une mauvaise « concentration » ?
- Dégradations énergétiques au niveau du cerveau (= principalement le GLUCOSE)
- « Craquage », mauvaise résistance aux distracteurs (nous allons revenir dessus)
- Mauvaises connaissances des champs attentionnels, ou erreur de mobilisation
Il faut donc apprendre à passer d’un champ à l’autre (préparation, action, analyse, évaluation)
C’est essentiel de s’entraîner à maintenir son attention durant le temps nécessaire
Il faut pratiquer, des exercices généraux, mais aussi analyser ce qui se passe dans la pratique ! (Par exemple, à l’échauffement)
Les distracteurs
Les distracteurs portent bien leur nom ! Vous êtes concentré sur votre travail, et tout à coup une jolie femme ou un homme séduisant vient se mettre dans votre champ de vision. Que se passe-t-il ? Vous venez tout simplement de succomber à un distracteur.
Alors évidemment, il faut réfléchir dans un contexte particulier. Dans votre discipline, quels sont vos distracteurs, ceux qui reviennent souvent ou régulièrement, et qui vous causent bien des soucis ? Il peut s’agir par exemple d’un parent, d’un adversaire, d’une spécificité matérielle ou météorologique. Tout est possible ! Identifier ses distracteurs, c’est déjà se mettre dans une démarche mentale intéressante.
- Comment les supprimer, les éviter ?
- Dans le cas où ils sont inévitables, comment minimiser leur impact ?
En préparation mentale, ce travail est indispensable dès qu’on aborde la question de la concentration.
La concentration, qu’est-ce que c’est finalement ?
Plutôt que de lister un certain nombre de définitions, concentrons-nous plutôt sur cette formule très simple à comprendre.
Concentration = [où je porte mon attention] X [temps que j’arrive à tenir]
Autrement dit, si vous n’arrivez plus à vous focaliser sur ce qui est important, ou que vous n’avez pas les moyens de tenir suffisamment longtemps, alors on peut dire que vous n’être plus concentré…
Vraiment ? En réalité, on est toujours concentré sur quelque chose ! Quand un enseignant dit à un élève qu’il n’est pas concentré, cela signifie en réalité qu’il n’est pas concentré sur ce qu’il dit ou écrit. Mais vous pouvez être sûr que l’étudiant sera très concentré sur une pensée, un nuage amusant, un bruit de couloir, etc.
En conclusion
Notre cerveau fait de tas de choses merveilleuses au quotidien. Mais parfois, quand il panique, quand il stresse, quand ça ne se passe pas exactement comme il le souhaiterait, il propose une réponse inadaptée. Et tout ce qui paraissait facile, acquis, peut être remis en question. Au lieu de porter votre attention sur un joueur, le vent, un déplacement, un bruit, vous allez vous focaliser sur une pensée négative, ou sur une image mentale floue. Comment reprendre la main sur tout ça si vous n’avez même pas conscience de ce que sont les champs attentionnels ?
Cette thématique est l’une des plus importantes en préparation mentale, car pour une même situation, vous pouvez vivre un enfer, limiter les dégâts, ou vous surpasser. En biathlon, que se passe-t-il si vous êtes focalisé sur un conçurent qui vous dépasse juste avant le pas de tir ? Et si, à la place, vous preniez le temps de porter votre attention sur votre fréquence cardiaque qui s’abaisse à mesure que vous approchez de la position debout ? A tout moment, vous pouvez choisir de vous concentrer sur des centaines de possibilités. Réfléchir sur sa pratique, c’est aussi analyser dans les moments importants sur quoi porter son attention, à quel moment prendre telle ou telle information, qu’elle soit interne ou externe, large ou étroite. C’est génial d’avoir le choix, non ?